Dernière modification le 14 janvier 2025 par Vuong Bach Lien
Đặng Minh Anh, ancienne élève du LFAY a participé aux Jeudis de l’Orientation le 9 janvier, où elle a présenté, aux élèves des lycées français de la zone Asie-Pacifique et leurs parents, son cursus en médecine à Sorbonne Université.
Étudiante en 2è année en médecine, elle partage son temps entre les études chargées, les loisirs et ses projets humanitaires.
Elle a accepté de répondre à nos questions quelques heures avant son vol de nuit de retour à Paris.
Bonjour Minh Anh, raconte-nous tes études de médecine à la Sorbonne. Est-ce qu’elles te plaisent ?
Oui, mes études me plaisent énormément. Plus j’avance, plus je découvre à quel point ce domaine me passionne. La médecine est une carrière dans laquelle on reste élève toute sa vie. Elle nous permet de développer une modestie par rapport à l’ampleur de tout ce que nous ne savons pas encore.
Je suis en double cursus Médecine-Sciences, qui propose une formation précoce axé sur la recherche. En plus des cours en médecine, je suis également des cours de master en biologie qui me permettront de devenir médecin-chercheuse.
J’ai également la chance de commencer les stages hospitaliers dès cette deuxième année. En septembre dernier, j’ai effectué un stage d’initiation aux soins infirmiers dans le service de maternité à l’hôpital Pitié-Salpêtrière. C’était incroyable ! J’ai découvert le bloc opératoire et interagi avec des patientes dans des moments très personnels.
À partir de fin janvier, je serai au service de médecine physique et réadaptation (avec un intérêt particulier pour les pathologies neurologiques et orthopédiques) à l’hôpital Rothschild. Ce stage sera une opportunité pour explorer davantage la spécialité neurologie qui m’intéresse beaucoup.
Par ailleurs, mon intérêt pour la recherche m’a poussé à effectuer des stages supplémentaires en laboratoire, notamment à l’Institut Pasteur (au Centre de Recherche et d’Innovation sur l’Audiologie Humaine), à l’Institut de Biologie Paris Seine, et à l’Institut du Cerveau.
Chaque stage m’apporte une meilleure compréhension des réalités cliniques et de la recherche. Mon objectif est de lier la pratique médicale à la recherche pour contribuer aux avancées en neurologie pédiatrique.
Pourquoi les études de médecine sont-elles difficiles ?
La première année de médecine est particulièrement exigeante, car il faut réussir un concours très sélectif pour accéder à la deuxième année. Le système repose sur des classements, des QCM et un apprentissage intensif basé sur la mémorisation de nombreuses informations.
J’ai dû maintenir un rythme très régulier tout au long de l’année, même durant des périodes de perte de motivation ou de difficultés. J’ai tellement travaillé que je n’ai pas réellement pris le temps de m’arrêter et de réaliser que je vivais une expérience unique.
Vers la fin de l’année scolaire, j’ai traversé une longue période de doute, comparable à un « mur » lors d’un marathon, où avancer semblait presque impossible. Heureusement, ma famille m’a beaucoup soutenue, sans jamais me mettre de pression. Leur soutien a été essentiel pour surmonter cette période et terminer mon année sans abandonner.
Qu’est ce que tu voudrais dire aux élèves qui souhaitent faire des études de médecine ?
La volonté de poursuivre des études de médecine doit venir de vous, car ces études, qui s’étendent sur 9 à 12 ans, demandent un véritable engagement. Cependant, si après la première année, vous réalisez que ce n’est pas le bon choix pour vous, sachez qu’il est tout à fait normal de vous réorienter.
Dès la première année, l’autonomie et la capacité à prendre des initiatives sont des qualités essentielles. Cette autonomie, qui repose sur une motivation personnelle et non sur une pression extérieure, devient de plus en plus importante au fil des années d’études.
Pour être sûr de votre choix, n’hésitez pas à explorer d’autres voies, qu’elles soient dans le domaine de la santé ou ailleurs. J’ai moi-même beaucoup hésité entre plusieurs options. Plusieurs personnes m’ont interrogée sur mes ambitions, évoquant par exemple des alternatives comme enseignante en éducation spécialisée ou chercheuse en biologie.
Ces discussions m’ont permis de réfléchir en profondeur et de consolider mon choix. Si j’avais réalisé que la médecine n’était pas pour moi, je me serais réorientée sans hésitation, un choix qui aurait été tout aussi légitime.
Tu as des conseils pour ceux qui souhaitent faire la première année ?
Pour intégrer la première année, Parcoursup est une étape incontournable, mais ce qui compte le plus, c’est tout ce qui suit. Il faut être persévérant : les études de médecine, surtout en première année, reposent avant tout sur l’endurance. Il est essentiel de maintenir un rythme de travail régulier, même dans les périodes éprouvantes.
Cependant, il est tout aussi important de ne pas se perdre dans les études. Pendant ma première année, j’ai fait un effort conscient pour rester connectée avec mes amis du lycée et de la faculté. Depuis le début de mes études supérieures, je n’en ai jamais fait autant de souvenirs incroyables. J’ai pris des photos et des vidéos de tout ce que j’ai vécu. J’ai eu la chance de très bien aimer ma première année.
En plus, je suivais régulièrement des cours de danse contemporaine et de danse de bal. Depuis l’âge de 5 ans, la danse occupe une place centrale dans ma vie. Rêver de devenir danseuse professionnelle n’est plus mon objectif depuis le CM2 mais la discipline reste un pilier de mon identité et m’a poussée à trouver un équilibre lors de mon année.
J’ai entendu dire que tu participes aussi à un projet humanitaire au Pérou ?
Je suis la responsable de projet d’une campagne médicale au Pérou intitulée « Pérou en Partage », menée dans le cadre de l’association Sol’SU (Solidarité Internationale Sorbonne Université). Cette initiative vise à apporter des médicaments et un soutien aux établissements de soins publics péruviens à Lima, Ancash et au village d’Honoria.
Nous sommes une équipe de dix étudiants en médecine et en dentaire, travaillant ensemble pour organiser un voyage humanitaire prévu cet été. Notre objectif est de récolter 17 000 euros pour financer ce projet. Pour y parvenir, nous multiplions les initiatives : nous contactons des mairies et des entreprises, sollicitons le soutien d’individus, et proposons des services comme l’aide au déménagement.
Bien que je n’aie pas encore les compétences pour soigner des patients de manière indépendante, ce projet me permet de contribuer de manière concrète à une aide médicale dès ma deuxième année d’études. C’est une expérience enrichissante, tant sur le plan humain que sur celui de la collaboration et de l’organisation.
Et au Viêt Nam, tu as aussi participé à un projet humanitaire ?
J’ai rejoint l’association SANSE (Sustainable Agriculture and Social Enterprise) en classe de Seconde et, au fil des années, j’ai progressivement pris des responsabilités jusqu’à devenir présidente en Terminale. J’ai dirigé ce projet humanitaire centré sur la communauté de Bản Liền, dans la province de Lào Cai.
J’ai coordonné une équipe de lycéens venant de plusieurs établissements pour développer et promouvoir un thé biologique produit localement. Nous avons élargi la distribution de ce thé, le rendant accessible à Hanoï et à l’international. Cette démarche a significativement augmenté les revenus des agriculteurs, tout en les incitant à adopter des pratiques durables.
Au-delà des ventes, j’ai mené des actions pour redistribuer les bénéfices au profit de la communauté : financement de bourses scolaires pour les lycéens, construction d’une bibliothèque et amélioration des infrastructures du centre médical. En étroite collaboration avec les responsables du village, nous avons veillé à ce que chaque projet réponde précisément aux besoins locaux.
J’ai eu une indépendance rare, avec la responsabilité de gérer un budget conséquent et de diriger des investissements dans des projets concrets. Chaque décision que je prenais avait un impact direct sur la communauté, ce qui m’a appris à prendre des risques tout en restant prudente et réfléchie. Ce rôle m’a aidée à développer une identité très importante en dehors du cadre scolaire.
Même après mon départ de l’association pour mes études supérieures, j’ai continué à soutenir SANSE. En décembre 2024, j’ai eu l’opportunité de présenter le thé de SANSE à la Médiathèque Jean-Pierre Melville à Paris, un moment marquant qui illustre l’impact durable de ce projet.
Effectivement de très bons souvenirs de tes années au Vietnam… Et raconte-nous tes meilleurs souvenirs au LFAY ?
J’ai beaucoup de bons souvenirs du lycée. Ce sont de petits moments passés avec des amis, avec qui je garde toujours contact (certains que je continue de voir chaque semaine à Paris), ou encore des blagues des professeurs qui animaient les cours. Ces instants simples mais marquants ont laissé une empreinte dans ma mémoire.
Je garde aussi un excellent souvenir de mes professeurs au LFAY, notamment de M. Biquin et M. Garnier.
M.Biquin a joué un rôle clé dans mon intérêt pour les sciences sociales. Il m’a appris à voir les choses dans leur ensemble, à croiser différentes perspectives, notamment à travers l’option Section Européenne que j’ai adorée. Cet intérêt pour les sciences sociales m’accompagne toujours dans mon parcours médical. J’aimerais m’impliquer dans la santé publique et participer à l’élaboration de politiques sanitaires, que ce soit en France ou au Viêt Nam, afin de conjuguer mes connaissances médicales et mon engagement social.
Quant à M. Garnier, j’ai beaucoup apprécié son aide qui m’a aidée à progresser en Terminale et réussir mon épreuve du baccalauréat. Nous avons gardé contact, même après le lycée, et je suis retournée au lycée très récemment pour intervenir auprès de ses élèves de spécialité SVT pour partager mon expérience et mon parcours.
Pourrais-tu nous faire part de tes rêves ?
Je souhaite devenir neurologue pédiatrique, bien que le parcours reste long et que mes ambitions puissent évoluer.
En Première, j’ai eu l’opportunité de faire un stage d’observation dans un établissement d’éducation spécialisée, où j’ai pu découvrir des troubles neurologiques chez les enfants. Ces observations, combinées à des échanges avec des neurologues, psychologues et enseignants, m’ont profondément marquée. J’ai été fascinée par le fonctionnement du cerveau en constante évolution, en particulier chez les enfants, et par l’impact de l’apprentissage et des expériences de vie sur son développement.
Ce qui me motive aujourd’hui, c’est de comprendre les mécanismes biologiques et génétiques derrière ces troubles neurodéveloppementaux afin de contribuer aux avancées médicales dans ce domaine. Mon parcours en double cursus Médecine-Sciences, complété par ma formation à l’École de l’Inserm et mes stages en laboratoire, me donne les outils pour allier recherche et pratique clinique. Chacune de ces expériences – conférences, travaux de recherche ou stages – me rapproche de cet objectif.
Ce projet professionnel est aussi lié à mon envie de m’investir dans des initiatives plus larges en santé publique, avec un intérêt particulier pour les politiques de santé et l’impact des avancées scientifiques sur les soins des enfants.
Merci beaucoup Minh Anh et bonne chance pour tes projets !
Rendez-vous sur les Jeudis de l’Orientation ce jeudi 16 janvier (Staps Orléans) avec la participation d’un ancien élève du lycée